Tu aurais pu dire...
Ezechiel 15/09 à 10:58
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...que le texte venait d'être adopté dans sa majeure partie au Sénat la semaine dernière.

Enfin la LOPPSI c'est avant tout un projet de loi fourre-tout où l'on mélange allégrement ordonnance des effectifs de police, couvre-feu des mineurs, nouvelles technologies, vidéosurv^k^k^k^kprotection et j'en passe et des meilleures.

Pour ce qui concerne Internet, je suis assez étonné que tu ne retiennes avant tout la disposition (article 23) qui prévoit la mise sous écoute "informatique" des ordinateurs (ou des téléphones portables) dans certaines circonstances bien définies.
Même si dans le principe c'est assez effrayant, d'autant plus lorsque l'on garde à l'esprit que cette disposition permet en théorie de placer sur écoute n'importe quel cybercafé ou hotspot sans plus de justifications, cela reste globalement assez restreint - à moins bien sûr de placer un flic derrière chaque pc, mais il semblerait que la tendance (si j'en crois à d'autres parties du texte de cette même LOPPSI soit de virer du monde plutôt que d'en embaucher). A mon humble avis, tu fais peut être un amalgame avec les fameux logiciels de "sécurisation" propriétaires, payants et non opérables préconisés par le précédent projet de loi dit HADOPI censés être le seul recours pour prouver sa bonne foi si les milices de la Commission de Protection des Droits (les amis de Johnny) devaient te pointer du doigt. C'est ce genre de dispositif (qui n'existe pas, il n'y a donc actuellement aucun moyen de contester une accusation de piratage) qui lui risque de se comporter comme un véritable mouchard épiant tes faits et gestes sur la toile et sachant ce qui est bon pour toi et ce qui ne l'est pas.

Ce qui pue vraiment dans cette histoire par contre ce sont les articles 2 et 4. Le premier veut punir d'une peine pouvant aller jusqu'à 1 an de prison et 15 000 € d'amende le fait de d'usurper l'identité d'un tiers ou une ou plusieurs données de toute nature permettant de l'identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d'autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération. Je passe les détails mais c'est écrit de manière tellement classieuse et vague que ça se téléscope violemment avec la législation existante sur la diffamation et que dorénavant il faudra y reflechir à deux fois avant de se foutre de la gueule de Morano sur dailytube.
La cerise sur le gâteau étant surtout l'article 4 qui prévoit le filtrage sans juge de tout site internet susceptible d'héberger du contenu pédopornographique. Or c'est bien connu dès qu'un homme politique commence parler des "enfants", gardez un œil sur votre portefeuille, et l'autre sur vos libertés., en pratique ce genre de texte est la porte ouverte (à toutes les fenêtres) à toutes sortes de dérives. La plus tentante étant de filtrer l'accès à tout autre chose que des contenus illégaux, soit par erreur, comme ça a été le cas il y a deux ans au Royaume Uni lorsque des millions de britanniques se sont rendu compte que "leur Internet" était filtré en douce quand tout Kiwipédia s'est retrouvé bloqué à cause de cette photo (moyennement SFW) ; soit délibérément vu que c'est le ministère de l'intérieur qui déciderait quel site serait bloqué ou pas sans avoir à rendre de compte. La liste de ces derniers serait bien entendu ultra-secrète et probablement jamais maintenue... Le prétexte invoqué par nos chers politiques étant bien sûr de nous "protéger", de faire en sorte qu'on ne tombe pas par hasard. Je ne sais pas pour vous mais je ne pense pas que l'on puisse tomber "par hasard" sur ce genre de contenus, et en tous cas je préfèrerais largement voir les porcs derrières ces trafics les menottes aux poignets plutôt que leurs "sites" (si tant est que ça existe un "site" de ce genre) planqués sous le tapis avec une plus que douteuse efficacité... Plus que douteuse efficacité parce que quiconque a déjà essayé de mettre en place un système de contrôle parental si perfectionné soit-il à pu se rendre compte qu'aucun n'est réellement performant: soit on sousbloque (ce qui ne sert à rien), soit on surbloque (ce qui est particulièrement dangereux dans un dispositif national). Et contrairement à un logiciel de contrôle parental, on ne pourra pas désactiver la censure d'état pour s'assurer que Big Brother ne nous prend pas trop pour des cons.

Il y a aussi le truculent article 10, qui permet la création de nouveaux fichiers de police mais surtout le recoupement par analyse sérielle notamment avec les réseaux sociaux (ça vous apprendra à raconter votre vie sur facebook) et plus insidieusement avec des données plus techniques (triangulation téléphone mobile, positionnement GPS, utilisation de carte bancaire (et pourquoi pas de votre passe navigo), adresse IP et logs de connexion, etc).

Enfin il y a quelques dispositions "rigolotes", comme le fait d'aggraver certaines infractions existantes du moment qu'elles sont commise en ligne, notamment pour ce qui touche à la contrefaçon et aux fraudes financières. Mais bon il n'y a pas que des mauvais coté puisque ce texte prévoit également de rendre passible de 15 000 € d'amende le fait de revendre en ligne un billet de spectacle plus cher que le prix qu'on l'a payé. Finie, du moins en théorie, la spéculation sur certains billets de concert ; en pratique je ne vois pas très bien comment ils comptent l'appliquer.

Comme tu peux le constater le programme est particulièrement vaste est prometteur...
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