Les photos figurant dans cette chronique ne sont pas libres de droit. Pričre de bien vouloir contacter le photographe pour toute utilisation.![]() (Photos et vidĂ©os par Richter, chronique par Renaud et oeuvrebruitiste) Cette annĂ©e encore et pour la douzième fois consĂ©cutive, Leipzig accueillait ce festival que l’Europe tout entière, le monde occidental et une partie de l’Asie mineure envient Ă l’Allemagne, vĂ©ritable pèlerinage de Saint Jacques pour passionnĂ©s de musiques obscures, de contre-culture et de rajouts violets : J’ai nommĂ© le "Wave Gotik Treffen"... 140 groupes au bas mot, une dizaine de sites Ă©parpillĂ©s dans la ville et trois jours de festivitĂ©s, trois jours de rencontres, trois jours de dĂ©couvertes et d’extases (si si)... ![]() C’est par une chaleur Ă©touffante que nous prĂ®mes la route en direction d’une lointaine pampa germanique au nom imprononçable, au delĂ de deux frontières tout de mĂŞme (trois avec celle de l’Ile de France francophone et de la France mĂ©tropolitaine). Après plus de 12 heures de voyage, dont plusieurs heures d’embouteillage provoquĂ©s par des travaux, le mauvais Ĺ“il et une saucisse, nous arrivâmes enfin Ă destination. Ce farceur de Murphy nous a bien entendu gratifiĂ© d’une accumulations de contre-temps sur place : formalitĂ©s administratives, entrĂ©es, carte de camping, emplacement oĂą planter nos tentes (merci Ă nos amis suisses Kurt et Ivan, chevaliers de l’ordre de l’ortie foulĂ©e au pied), etc. L'AMBIANCE ![]() ![]() En dĂ©pit d’une chaleur Ă©crasante qui atteignait parfois les 42°, une atmosphère bon enfant rĂ©gnait sur le camp aux allures de fin du monde : aride, poussiĂ©reux, bondĂ© Ă l’extrĂŞme et sillonnĂ© par d’étranges individus hagards, vĂŞtus qui d’uniforme d’improbables et fantoches armĂ©es, qui de haillons savamment ajustĂ©s. La chaleur et l’enthousiasme infatigable des voisins rendant difficile de passer une nuit convenable sous la tente, les rares parcelles ombragĂ©es de pelouse Ă©taient parsemĂ©es de dormeurs oĂą faisaient office de lieux de rendez-vous et de discussions. Les pièces d’eau quant Ă elles, Ă©taient propices Ă de plaisants (pour les spectateurs) jeux de rafraĂ®chissement et de T-shirts loqueteux mouillĂ©s. Mot d’ordre : convivialitĂ© (pack de 36 de rigueur). LES FESTIVALIERS ![]() ![]() ![]() Comme chacun sait, le gothique c’est un tiers de musique, un tiers de culture autre, un tiers d’apparat et un tiers de vacuitĂ©s diverses ("Ca dĂ©pend de la grosseur des tiers" comme disait Pagnol). Parlons donc un peu des allures diverses et chamarrĂ©es, si reprĂ©sentatives des diverses communautĂ©s musicales prĂ©sentes, qui s’offraient Ă nos regards avides et curieux : mĂ©talleux, punks, cyberpunks, gothiques mĂ©diĂ©vaux, fĂ©tichistes, electro, dark folk et assimilĂ©s, qui tous cohabitèrent sans heurt. CrĂ©ativitĂ© ou catalogue X-Tra, du plus sobre au plus guignolesque, le mĂ©lange des styles et des matières occasionnait un vĂ©ritable ravissement de l’œil. LE VILLAGE MEDIEVAL ![]() Partons Ă la dĂ©couverte d’un lieu exquis : le "Mittelalter Dorf" ou "village mĂ©diĂ©val", situĂ© Ă seulement quelques pas du camping. Sur place, tentes et Ă©choppes diverses permettent de redĂ©couvrir mĂ©tiers artisanaux, traditions culinaires et vestimentaires de l’époque d’un XIe – XIIIe siècle approximatif. Il Ă©tait en outre possible de consommer (hardiment) ce qui avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ© sous les yeux des gentils membres, ainsi que d’acheter (faut bien vivre) certains produits de la ferme : vĂŞtements, bijoux, armes, main de gloire. ![]() Durant la journĂ©e, on pouvait Ă©galement assister Ă de virils et bruyants affrontements entre des paladins de mauvaise humeur, des chevaliers mal peignĂ©s et des barbares barbus (et hirsutes). Distribution de coups de taille et d’estoc, hurlements gutturaux, choc des Ă©pĂ©es, des haches et des boucliers : une symphonie (wagnĂ©rienne Ă©videmment) martiale du chaos des âges sombres, Ă laquelle Ă©tait invitĂ© Ă participer le public, donnant Ă ce champ de bataille improvisĂ© des allures de rĂ©crĂ©ation pour grandes personnes. ![]() ![]() Le soir venu, tout au long du festival, tandis que les esprits s’apaisaient, les feux de camps embrasaient le village entier, se parant des couleurs aux tons chauds d’une fĂŞte paĂŻenne animĂ©e par les trouvères et les saltimbanques, comme le groupe Faun dont nous devions goĂ»ter plus tard, Ă l’Agra, les enthousiasmantes mĂ©lodies d’un autre âge... Salle "Agra" LE CONCERT DE THE GATHERING ![]() Revenons Ă notre arrivĂ©e : une fois pĂ©nĂ©trĂ© dans le saint des saint en ce premier soir, nous sommes allĂ©s nous recueillir au pied de la madone Anneke. De fait, en comparaison au tĂŞte Ă tĂŞte de L’ElysĂ©e Montmartre, l’Agra faisait figure d’usine, et certains Ă©mettront quelques critiques concernant la qualitĂ© du son. Ceci dit, la belle fit assez bonne figure pour porter haut, une fois de plus, les couleurs de son dernier album, qui fit couler autant d’encre qu’Anneke de salive... Le public ne s’y trompa guère et manifesta bruyamment son approbation... LE CONCERT DE DAF ![]() "En dĂ©pit de l’histoire, nous restons camarades" et les DAF le prouvent... Une longue histoire pour le duo amĂ©ricano-allemand, et un nouveau chapitre ce soir puisque c’est globalement un triomphe qui les attend, au regard de la foule amassĂ©e dans le vaste hangar de l’Agra. Certes, le son est datĂ© et la prestation ressemble Ă©trangement au concert donnĂ© Ă La Loco quelques mois auparavant. Manqueront pourtant ce soir les sympathisants bodybuildĂ©s de la cause faisant des pompes en rythme, confinĂ©s Ă la fosse par le pointilleux service de sĂ©curitĂ© lors des lignes de basse cinglantes de "Tanz der Mussolini". Difficile toutefois d’apprĂ©cier pleinement ce premier "Midnight Special", tant la route (satanĂ©e saucisse) fut Ă©prouvante... D’autant que nous avions encore les tentes Ă monter... Seigneur, "engagez-vous" qu’ils disaient... ![]() Salle "ParkbĂĽhne" LE CONCERT DE DESERT & FORTUNE ![]() Second jour de festival : ParkbĂĽhne, une scène en plein air, en contrebas d’un petit amphithéâtre. Sous un soleil de plomb, Desert & Fortune ouvre le bal. DĂ©couverte pour nous qui rougissons de honte en apprenant que ce groupe du cru a vu le jour en 1994 et compte dĂ©jĂ quatre albums. Un rock gothique d’agrĂ©able facture qui Ă©voque (Ă´ surprise) la vie, la mort, le dĂ©sespoir, les rĂŞves, bref, tout ce qu’un tel nom peut Ă©voquer comme antinomies... Force est de constater, Ă leur dĂ©charge, qu’à dĂ©faut de sonner neuf, ils sonnent bien. Dommage que nous soyions si peu nombreux Ă en profiter... Ceci dit, quelle idĂ©e de proposer un concert en tout dĂ©but de matinĂ©e, Ă tout juste 15 h... LE CONCERT DE BLOODY DEAD & SEXY ![]() ![]() Visuel dĂ©tonnant et très Ă©tudiĂ© pour ce groupe plus ou moins (bat)cave – deathrock (mortel du moins) : un JĂ©sus Christ superstar Ă la guitare, flanquĂ© d’un ersatz de punk dark folko-mansonien et d’un fĂ©tichiste guignol, considĂ©rĂ©s semble-t-il comme les produits d’une rĂ©surrection des mythiques Rozz Williams et Christian Death (du fait la poupĂ©e du bouquet de roses qui pendouillent au pied de micro ?). Bref, quoiqu’on en pense JĂ©sus et sa bande auront su exploiter le crĂ©neau artistique et horaire, et faire passer un bon moment au public. LE CONCERT DE BLOODFLOWERZ ![]() ![]() LĂ encore, dĂ©couverte... Il n’y a que nous qui ne connaissons pas, ou bien ? Apparemment oui, puisque c’est une vĂ©ritable ovation qui accueille Bloodflowerz Ă son arrivĂ©e sur scène, posant lĂ un "Tainted Love" sulfureux. Nous envisageons ceci dit l’éventualitĂ© d’une motivation toute hormonale des acclamations, Ă la vue de Kristen (c’est son petit nom), la jeune et jolie vocaliste, toute en rĂ©silles, en clous et en New Rock. Bloodflowerz est en fait un groupe local qui a su trouver sa place dans la nĂ©buleuse goth metal. ScĂ©niquement très efficace (Ă dĂ©faut d’être très original), le groupe dĂ©veloppe une musique et des ambiances nourries de spiritualisme Prisunic sur l’affrontement du bien et du mal, mais qui ont le mĂ©rite de parler au plus grand nombre... Et puis la chanteuse est mignonne, derrière son plâtras noirâtre de "gothic girl" pâlotte et libĂ©rĂ©e... LE CONCERT D'INKUBUS SUKKUBUS ![]() ![]() C’est dĂ©cidĂ©ment un après-midi pour les hommes, puisque dĂ©barque Ă prĂ©sent la plus jolie des doyennes du rock (et son comparse de toujours, respectivement le plus mal peignĂ© des doyens du rock, avec Keith Richard). Cette fois encore, Candia allume la flamme paĂŻenne de Beltaine dans le cĹ“ur du public et transforme ParkbĂĽhne en couvent Wicca. Les (vieux) titres s’enchaĂ®nent : "Wytches", "Take My Hunger", "Vampyre Erotica", toujours efficaces... MĂŞme si la recette a comme un goĂ»t de rĂ©chauffĂ©. Toutefois, en dĂ©pit d’une chaleur encore Ă©crasante, Candia virevolte, minaude, sans un temps mort... Bon, vu la longueur toute symbolique du concert, c’eĂ»t Ă©tĂ© dommage, et nous en aurions bien repris une louche... On se console en jetant un regard concupiscent sur la croupe de la brune incendiaire qui s’est mĂŞlĂ©e, une fois son devoir accompli, aux festivaliers (BĂŞĂŞĂŞlle)... LE CONCERT D'IKON ![]() Sans ĂŞtre une icĂ´ne (haha), voilĂ une fois de plus une excellente formation goth rock qui n’est pas sans Ă©voquer les rĂ©centes productions de Paradise Lost et qui figure sans doute parmi les influences des adolescents de The 69 Eyes... Un brin plus crĂ©dibles au fond que les brise-cars d’Inkubus Sukkubus, Ikon pose un concert envoĂ»tant, mĂ©lancolique, presque feutrĂ©, mais indĂ©niablement rock... Un excellent moment... LE CONCERT DE WAYNE HUSSEY ![]() Bizarre autant qu’étrange : les techniciens installent sur scène un tabouret de bar... qui trouve toute sa justification lorsque Mr Hussey arrive avec une bouteille de vin rouge dans une main et une guitare acoustique dans l’autre. L’ex-chanteur de The Mission dĂ©livre alors, entre deux rasades, une performance acoustique respirant la quiĂ©tude de l’homme mĂ»r, Ă l’image d’un Justin Sullivan. Un concert presque intimiste, dont le point fort restera, Ă n’en point douter, les reprise de "Severina" et "Wasteland" de The Mission... LE CONCERT DE BLUTENGEL ![]() ![]() ![]() ![]() Dernier concert de la journĂ©e Ă ParkbĂĽhne, le plus attendu Ă en juger par l’amassement du public : Blutengel et ses ultimes bombes dancefloor. LancĂ©e par "Vampire Romance I", la reprĂ©sentation de la troupe sanguinaire et sexy de Christian Pohl s’avère rapidement diffĂ©rente – sinon dans sa mise en scène, du moins dans le choix des titres, de celle du festival Purple Moon de mars dernier. Tube après dĂ©hanchement après suçon, le spectacle se laisse dĂ©vorer comme un fruit qui tache Ă la saveur sucrĂ©e : ce n’est pas très sĂ©rieux, mais c’est tellement bon... Une piste Ă la taille de ParkbĂĽhne s’improvise dès "Die With You", le second titre, et l’on tente, sans trop bousculer ses voisins d’onduler son corps aux harmoniques electro imparables du bellâtre de Terminal Choice, tandis qu’une majeure partie (fĂ©minine) du public entonne Ă pleine gorge (profonde) les paroles, tout en buvant celles du charismatique Chris "Robbie Williams chez Dracula", moulĂ© dans ses atours qui font le bonheur des vendeurs de frusques gothiques... Et pour les hommes ? Constance est une fois de plus carrĂ©ment ban... ravissante, exquise, aguicheuse en diable dans toutes ses (absences de) tenues... Autant de titres, autant de sourires : "Stranded", "Our Time", "Keine Ewigkeit"... Pour tout dire, c’est un vĂ©ritable dĂ©lice, tant pour les oreilles (si on aime l’electro bien sucrĂ©) que pour les yeux. Une bonne heure plus tard, lorsque s’égrainent les dernières notes acides de "Der Spiegel", le public gourmand en redemande, et il a bien raison, puisque dans sa grande bontĂ©, le saigneur nous accorde deux magnifiques rappels, dont l’électrisant "Children Of The Night"... Avant de repartir vers l’Agra, histoire d’essayer d’assister au concert de VNV Nation, prĂ©lude Ă l’aubade Ă la grande Europe de Laibach... ![]() Comme un bonheur n’arrive jamais seul, n’est-ce pas, nous aurons, le lendemain, celui de croiser Chris et Constance dans l’espace presse... La preuve en photo (qui va faire des jalouses ?)... Salle "Agra" LE CONCERT DE VNV NATION ![]() De retour Ă l’Agra donc, nous nous sommes heurtĂ©s Ă une masse compacte qui remplissait la quasi totalitĂ© du lieu... Impossible de se faufiler vers le devant de la scène sans se faire aboyer dessus par des fans aux oreilles bien dĂ©gagĂ©es. On constatera tout de mĂŞme que Ronan et Mark Ă©taient accompagnĂ©s, sans doute remplir davantage la gigantesque scène, d’au moins un clavier supplĂ©mentaire... Manifestement, encore un franc succès pour le duo qui, du dĂ©compte de Future Perfect du dĂ©but, aux nappes acides d’Electronaut, aura fait danser de concert plusieurs milliers de spectateurs enthousiastes, certains brandissant pour le plus grand plaisir de Mark et Ronan une immense bannière frappĂ©e du monogramme de la nation-de-la-victoire-et-non-de-la-vengeance... LE CONCERT DE LAIBACH ![]() ![]() Certains prophĂ©tisaient un set martial Ă l’ancienne, d'autres misaient plus volontiers sur une ambiance electro... Il n'en fut rien : Laibach fut Laibach, impĂ©rial, magistral, insaisissable et rĂ©tif Ă toute tentative de jugement. Après quelque 40 minutes d'attente sur fond de musique atmosphĂ©rique, les slovènes prirent place sur scène et le rideau se leva sur un théâtre aux acteurs sans faille tout au long du concert. Concert ? CĂ©rĂ©monie bien plutĂ´t, emmenĂ©e par une voix rauque et d’implacables rythmiques aux antipodes de la douceur nĂ©o-romantique de Blutengel, Ă peine deux heures auparavant... Après une introduction grandiose, le groupe commença Ă exĂ©cuter les titres phares de NATO : "The Final Countdown" et "In The Army Now" notamment. GagnĂ© par l’euphorie, le public est fin prĂŞt lorsque les boucles acĂ©rĂ©es de "Alle Gegen Alle" viennent lui fouetter les sangs et dĂ©clencher sans doute le premier pogo du festival. S'enchaĂ®nent dans une mĂŞme dĂ©monstration des titres extraits de Jesus Christ Superstar : "God Is God", "Jesus Christ Superstar", de Kapital "Wirtschaft Ist Tot" et la pièce maĂ®tresse, le morceau de bravoure Ă multiples niveaux de lecture (comme tout Laibach en fait) : "Sympathy For The Devil" qui mettra tout le monde d'accord... Le Diable est beau, le Diable est grand, il est le diviseur, l’accusateur, l’étoile du matin, le porteur de lumière... Il est mĂŞme peut-ĂŞtre slovène, qui sait... En ultime rappel, le hit pop autrefois mollasson, aujourd’hui viril et martial "Life Is Life" repris en chĹ“ur par une large frange (sur le cĂ´tĂ© ?) du public, achèvera les irrĂ©ductibles dans une extase toute en râles et en convulsions, et dĂ©routera un peu plus les sceptiques. Les principaux reproches Ă formuler seront sans doute l'absence, alors, de nouveaux titres, ainsi que l'impasse faite (volontairement ?) sur l'incroyablement efficace "Geburt Einer Nation"... Qu'Ă cela ne tienne, nos intrĂ©pides et indĂ©racinables dĂ©fenseurs de l'Europe nous surprendront toujours et rien que pour cela nous leur accordons toute notre gratitude... CLIQUEZ ICI POUR LA SUITE (click here to continue) TschĂĽĂź ! RICHTER |