(Photos et vidéos par Richter, chronique par Renaud) Il y a des jours comme ça, où on aurait presque du mal à se souvenir de la raison pour laquelle on a pris un billet… Pour écouter deux groupes livrer un récital de leurs récentes compositions ? Ou pour dévorer des yeux, la bouche légèrement béante, deux jeunes femmes superbes, douées, talentueuses campées derrière un micro ? Pourquoi diable est-il là , le micro, d'ailleurs ?… LE CONCERT DE PALE FOREST Pale Forest, c'est avant tout un nom… Evocateur, presque aguichant, mais qui, n'ayons pas peur de le dire, nous était sans doute pour beaucoup inconnu ou peu s'en faut… Au-delà du nom qui fleure bon la pureté gelée des vastes plaines du Nord de notre belle Europe (du côté de la Norvège), Pale Forest c'est aussi et surtout un sextet formé en 1996 au confluent d'envies personnelles, d'évolutions professionnelles et artistiques et d'influences avouées telles que Radiohead, Anathema et… The Gathering. J'entends déjà les mauvaises langues se ravir et siffler, mais ne leur déplaise, Pale Forest a su digérer ces mêmes influences et construire au fil des concerts et des albums une identité propre et à des lieues d'une hypothétique pâle (haha) copie des bataves de The Gathering. Certes, le son est parfois lourd (jusqu'à trois guitares sur scène, on croirait voir Molly Hatchet, les moustaches en moins), souvent atmosphérique, mélancolique, et regroupe, en résumant très grossièrement, tous les poncifs du goth-doom-metal-musette-alternatif qui fait headbanger tout doucement, un léger sourire aux lèvres, tel le beuh-meuh moyen sous Lexomil, mais un goth metal néanmoins un brin plus pop que celui de The Gathering à l'époque où eux ne l'étaient pas encore vraiment (pop)… Tout le monde suit ? Brisons donc là avec les présentations et parlons bien plutôt de ce que nous avons vu et entendu. Les Pale Forest montent sur scène devant un public circonspect et varié, allant du fan de Gamma Ray élevé au houblon au spooky skater, en passant par la babycat en corset tout sourire et le transfuge de Boyd Rice encore mal remis de ses païennes agapes au nom de la grande Europe (toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite). On remarquera au passage que The Gathering, en dépit de leur réorientation artistique, ratissent toujours large, mais passons… Manifestement heureuse d'être présente, Kristin égrènes ses vocalises en sautillant sur des tonalités quasi oxymoriques, à la fois majeures et mélancoliques, et gratifie la fosse de ses accents doux, presque enfantins, enveloppant le public dans une atmosphère ouatée, câline et apaisante. L'œil et l'attention alors se déplacent et se portent sur les autres personnes qui occupent la scène : force est de constater que ces musiciens ont su ciseler un écrin à la mesure de la brillance du joyau sonore de Kristin… Les compositions se succèdent en mid tempo, et on se retrouve presque sans s'en rendre compte au moment de compter les minutes avant l'entrée en scène d'Anneke et de sa bande (n'y voyez, de grâce, aucun calembour graveleux)… LE CONCERT DE THE GATHERING Quelques plaisanteries faciles du style "c'était Shakira en première partie ?" plus tard, et enfin elle arrive, La Voix, La Femme, L'Egérie, bref Elle, "Aaah-nneke"… D'ailleurs, quoi de plus gratifiant pour une chanteuse que de laisser son auditoire… sans voix ?… Laissons de côté les soupirs, pour The Gathering c'est un peu l'heure du bilan : un nouvel album, Souvenirs, à ajouter à une pile déjà conséquente, un nouveau son ou presque, inauguré avec le précédent opus Black Light District… Première impression : le son est moins sombre qu'auparavant, moins électronique aussi que Black Light District, plus pop, mais d'une pop à faire honte encore à certains groupes de rock que la charité chrétienne nous interdira de citer… La page doom est belle et bien tournée, et un nouveau chapitre est entamé, mais un chapitre au parfum d'incipit tant c'est une nouvelle aventure qui semble s'offrir à ces icônes du "so-called goth metal"… Ceci dit, rangeons les mouchoirs, Anneke est toujours aussi… troublante, sensuelle, exci… Mais je m'égare… Une majeure partie de Souvenirs aura été interprétée au cours de la soirée, au détriment certes des anciens hymnes du groupe, mais en faisant ainsi la part belle au nouveau The Gathering qui aura prouvé la richesse de son potentiel en nous livrant de nouvelles facettes à découvrir et à explorer, repoussant encore un peu plus loin les frontières de la terra incognita de la voix d'Anneke… Si le timbre reste identifiable entre mille (les mots me manquent à l'instant, vous pardonnerez la platitude d'un tel lieu commun pour dire l'indicible), la voix se noie dans les harmonies, s'envole sur les refrains, avec une douceur rarement entendue auparavant. Tantôt atmosphériques, tantôt enlevées, les mélodies sont riches, intelligentes, et font de ce nouvel album et de ce concert un excellent "souvenir". Sepul-râle-ment vôtre, Renaud / evil.muffin.666 LES VIDEOS (Clic droit et "Enregistrer la cible sous" conseillé / Right clic and "Save target as" recommended) Ces extraits vidéos sont à titre d'illustration et leur qualité sonore n'est pas représentative du groupe en concert / These small video excerpts are for promotional use only and the low-fi sound is not representative of the band quality in live ! LE CONCERT DE PALE FOREST LE CONCERT DE THE GATHERING Tschüß ! RICHTER |