(Chronique par Sioux Evantalika the Witch) Ce cru 2006 du M’Era Luna était trop exceptionnel pour que pessimistes prévisions météorologiques empêchent un peu plus de 22 000 visiteurs de se rassembler à Hildesheim, pour l’un des événements annuels les plus importants de la scène dark. Comme chaque année, quarante groupes allaient se succéder tout au long d’un week-end marathon réunissant une sélection des meilleurs groupes goth/indus/electro en activité... ou de retour ! Pour la première fois nous avons décidé de ne pas parcourir les quelques huit cent kilomètres séparant Paris de l’aérodrome d’Hildesheim en voiture mais pour un vol à destination d’Hannover où une voiture de location nous permettra de rejoindre le site. A notre arrivée nous rentrons d’entrée de jeu avec le metal/indus de Gothminister, délivrant ses gros titres dans un look pour une fois relativement sobre. Très vite nous enchaînons avec Midnattsol dont Carmen en petite forme(s) a du mal à imposer sa voix autant que sa sœur Liv Kristine, aussi présente au festival. Un des évènements marquant du samedi sera l’anniversaire du groupe Girl Under Glass, élite de la musique électronique. Pour l’occasion ils sont rejoints sur scène par Oswald Henke (Goethes Erben), Eric Burton (Catastrophe Ballet) et Peter Spilles (Project Pitchfork) pour une spectaculaire célébration. Nous poursuivons ensuite avec Mesh qui fera pleurer dans les chaumières. Le chanteur EBM reste fidèle à son look improbable : jean baskets, bonnet et t-shirt, contrastant singulièrement face à une foule toute de noir vêtue. Malgré sa prestance, le manque d’effets visuels laisse la plupart des spectateurs passifs. Parmi les groupes à voir absolument, Funker Vogt fait vibrer la foule sur la grande scène. La chemise noire et la cravate orange de Jens Kästel se confondent parfaitement aux couleurs du décor. Mais c’est Björn Böttcher qui incontestablement domine avec sa combinaison blanche et son maquillage vert à rayures noires. Après plus de dix ans de scène, on reconnait toujours les traits de la culture allemande dans l’excellente présence scénique du groupe. Du côté hangar, la salle est définitivement trop petite pour recevoir le groupe Unheilig, aussi survolté que son public. Cerise sur le gâteau, le groupe chantera en avant première avec Peter Peter Spills de Project Pitchfork, « Ich Will Leben » le split single sorti le 18 septembre. Dans un même rythme, Jurgen Engler nous en met plein la vue en enchaînant « Isolation » et « Bloodsuckers ». Malgré quelques soucis de mixage, Die Krupps ensuite ne nous laissera vraiment pas indifférents. Grand incontournable du festival, Blutengel offrira malheureusement cette année une prestation en demi-teinte, malgré un Chris Pohl toujours aussi charismatique. Il aura fallu attendre les brûlots « Bloody Pleasure » et « Children of the Night », pour voir un public enfin désinhibé. Fort Heureusement Front Line Assembly relancera la machine. Bill Leeb et ses acolytes survitaminés marquent des points avec des titres classiques et vindicatifs (« Vigilante », « Bio-mechanic ») alternés avec des morceaux aussi barbares qu’abrutissants tels que « Dead Planet » et « Plasticity ». Bill, bourreau des tympans, tape férocement sur ses percussions de métal. Bien que Rhyss Fulber fût absent, « Mindphaser » clôturera un show mémorable. Autre moment fort du festival, Nitzer Ebb nous offre un concert fantastique où nous pourrons assister à une métamorphose phénoménale de la part du public allemand plutôt réservé jusque là . Grâce à une playlist de tubes concoctée avec soin (« Getting Closer », « Let Your Body Learn », « Family men », « Control I am Here », « I Give to You »), le groupe arrivera à lancer dès le début une ambiance électrique et faire chanter en chœur la foule. Du côté de Bauhaus, clôture de cette première journée, nous retrouvons de nouveau un Peter Murphy de mauvaise humeur. Après le désastre technique à Utrech où il avait carrément quitté la scène pour plus d'une demi-heure, puis à Paris où le son fut inexistant pendant une partie du set, le sort s’acharne encore sur le groupe à Hildesheim. Au fil du concert le cauchemar du groupe s’annonce, on n'entend plus Peter M et D Ash nous fait part de ses ennuis de guitare en s‘acharnant dessus. Les nuages de fumée finissent par faire disparaître complètement le groupe à l'instar d'un Sisters of Mercy. Un « Bela Lugosi’s Dead » bâclé, ainsi que « Rose Garden » où les pétales de rose furent quand même éparpillés simplement et rapidement sur D.Ash et David J, et le groupe achève son set plus tôt que prévu sans rien dire et sans faire de rappel. Une déception pour les fans venus des quatre coins de l’Europe. Après une courte nuit bien salvatrice, la seconde journée est attaquée d'emblée avec Clan of Xymox, pour un set d'une petitesse frustrante et un horaire difficile. Cependant avec leur set axé sur leurs classiques (« Farewell », « Jasmine and Rose », « There is no Tomorrow »), le groupe persiste et signe dans son objectif de faire participer son public plus que jamais fidèle. A travers un show bien ficelé, Epica délivre ensuite un concert abouti, d'une surprenante frénésie, maitrisé de bout en bout par la voix ensorcelante de Simone. Les fans amoureux hurlent son prénom ce qui fait sourire les musiciens. Tout aussi talentueux, Letzte Instanz, qui malgré le départ récent de trois membres du groupe, réussi à nous emporter avec les titres de son dernier album ‘Ins Licht’ dans une explosion de violoncelles, violons, guitares et de tambours. Un véritable régal ! Arrive alors la mutine Chibi et ses comparses BCBG de The Birthday Massacre. Quelques gouttes d’eau font leurs apparitions mais la fraîcheur du groupe fera sautiller le public le temps d'un concert en forme d'évasion au pays des merveilles. In Strict Confidence fera dans le plus sobre avec un show carré. La vocaliste à la justesse de timbre approximative, qui ne venait au départ que pour donner la réplique pendant les refrains d' « Engelstaub », s'est nettement améliorée et accompagne désormais l'intégralité du concert. Pas de surprise ensuite avec Apoptygma Berzerk qui délivre avec l’énorme participation des fans un concert parfait avec des airs tubesques (« Kathy’s Song », « Until the end of the world »). Puis c’est le grand retour de Chris Pohl avec son autre combo, Terminal Choice, pour une prestation plus convaincante. Un son très agressif et une abondance d’instruments sur scène déchaineront la foule. En quasi simultané sur la grande scène, Ministry déroule un véritable mur sonore et un déferlement de violence. Avec la récente intégration de Joey Jordison au sein du groupe, le concert nous projette dans une dimension métallique. Avec des titres tels que « Psalm 69 », « Thieves » ou encore « Just One Fix » pour finir sur « So What » nous assisterons à une véritable folie industrielle. Grosse déception par contre face à la prestation de In Extremo. Avec un décor et des costumes bon marché soutenus par un jeu de scène excessif, le spectaculaire se transforme en ridicule. Malgré les classiques tels que « Spielmannsflut », « Ave Maria », « Vollmond », le bateau de carton et les déguisements de pirates n’auront pas su nous faire chavirer. Enfin, Within Temptation s’impose comme un chef d’œuvre de précision, rendant au final la fluidité de l’ensemble et les enchaînements bien plus digestes. Une scène Hollywoodienne relevée par des feux d’artifices ont littéralement hypnotisés la foule. Même si Sharon manque de perdre sa voix à cause des jets de fumée, elle envoute par son charisme magnétique et ses décors dramatiques. Face à cette frénésie et une multitude de rappels, Within Temptation réalise une clôture de festival apocalyptique. |