Les photos figurant dans cette chronique ne sont pas libres de droit. Pričre de bien vouloir contacter le photographe pour toute utilisation.![]() (Photos et vidĂ©os par Richter, chronique par Renaud et Sarg) L’ouverture des portes Ă 21h aura fait la dĂ©monstration d’une ponctualitĂ© Ă©tonnante pour la Loco. 21 heures disais-je, coup d’envoi du Festival de l’Erèbe premier du nom, fruit du travail de la Bibliothèque du CĂ©nacle, toute jeune (alors) association parisienne, et de Fairy Metal Production, label, entre autres, de Jadallys. Hors le nombre apprĂ©ciable de prĂ©ventes, tout restait Ă faire afin de consacrer ou de condamner cette initiative Ă©levĂ©e au rang de sujet de dĂ©bats parfois houleux. VolontĂ© de passionnĂ©s de s’investir Ă leur tour dans la promotion d’une scène multiple et protĂ©iforme, dĂ©sir de promouvoir artistes et talents en embrassant tous modes d’expression : le projet Ă©tait ambitieux, l’histoire dĂ©jĂ anecdotique. Notamment grâce Ă la Loco qui avait jugĂ© opportun de louer ses locaux Ă une soirĂ©e Ă©tudiante la veille. Ca ne s’invente pas. Mention spĂ©ciale aux membres de la Bibliothèque et Ă Rosa Crux qui, pour pouvoir installer leurs jeux de fers, durent nettoyer les restes de jus de fruit et de vomi (?) oubliĂ©s un peu partout par les technichiens de surface… Très rapidement, le public afflue et prend ses marques, heureusement ignorant du marathon des jours prĂ©cĂ©dents, qui calĂ©s dans les fauteuils, qui accoudĂ©s au bar, tandis que Gumic (fourni dans le pack Loco avec les fauteuils Ă©ventrĂ©s et les tables poisseuses) s’avère assez convainquant pour attirer les premiers danseurs sur la piste. L'EXPOSITION ![]() Depuis la porte gardĂ©e par le gros bras de la Loco (fourni dans le pack Ă©galement) - qui doit sourire intĂ©rieurement devant pareil afflux de petits bras enveloppĂ©s de rĂ©silles -, tout le long du bar et jusque dans l’espace salon, stands et expositions prolongent les ramifications culturelles de cette première Ă©dition de L’Erèbe. Suspendues par des chaĂ®nes (grrr), photos et illustrations proposent, outre la contemplation de biens belles images, un aperçu d’une autre forme d’expression de la culture dark, qui, pour n’être pas aisĂ©ment dĂ©finissable, n’en est pas moins prĂ©sente, vivace et fĂ©conde… Les Noirs, pourpres et violines qui habillent des personnages blafards et androgynes cĂ´toient les clichĂ©s de scène de Punish Yourself, Laibach, Genitorturers et autres. Ailleurs, vĂŞtements, bijoux et flyers s’offrent Ă la curiositĂ© vorace d’un public de plus en plus nombreux Ă mesure que les minutes s’écoulent… Formidable pied de nez aux dĂ©tracteurs de la Bibliothèque du CĂ©nacle, l’évĂ©nement prend d’emblĂ©e des allures de rĂ©ussite, associant Ă son enthousiasmant dĂ©but le public, les exposants, les artistes prĂ©sents et plus particulièrement en ce dĂ©but de soirĂ©e… LE THEATRE DU SANG ![]() … dont cette reprĂ©sentation devait ĂŞtre un avant goĂ»t du prochain spectacle, librement adaptĂ© du Horla de Maupassant. Deux mois Ă peine de rĂ©pĂ©tition, un filage menĂ© dans l’excitation de l’heure approchant (les groupes eux-mĂŞmes avaient du une fois encore se plier aux horaires de balance Ă gĂ©omĂ©trie variable). Une pièce toujours en cours de dĂ©veloppement donc, mais qui allait sans doute permettre Ă la jeune troupe de toucher un public dĂ©jĂ considĂ©rable au cours de cette seule reprĂ©sentation. Du texte dĂ©clamĂ©, des scènes dansĂ©es, des nymphes, des personnages torturĂ©s, inquiets et inquiĂ©tants : tableaux et contes d’une folie ordinaire, enluminĂ©s par la prĂ©sence et le violon d’Olivia Benedetto, aussi altière et superbe qu’à la grande Ă©poque de GaĂ« Bolg. Les masques se succèdent, errants pâlots ou nymphe moqueuses, empruntant chacun leur tour les sentes obscures et tortueuses de la psychĂ© malade du personnage. Une performance schizophrène et multiple qui devra tout au jeu des comĂ©diens, dans un dĂ©cor d’un dĂ©pouillement clinique, le support vidĂ©o ayant lui pâti du chaos organisationnel de la… oui bon vous avez saisi… LE CONCERT DE JADALLYS ![]() ![]() InspirĂ©, humainement très, très sympas aux dires de ceux qui ont la chance de les connaĂ®tre en coulisses, les membres de Jadallys, emmenĂ©s par Tino et SĂ©lène, prennent place, rodant tout Ă la fois la partie concerts du festival et leur nouveau clavier, Jodrell, Ă©galement illustrateur. Fantaisie sylvestre et psychĂ©dĂ©lique, le « fairy metal » de Jadallys a dĂ©jĂ son public, et sait faire peu de cas des menues difficultĂ©s techniques d’une sonorisation trop imprĂ©cise. « Le Meneur de Loups », « reflets », « Songe » ou bien « Le Silence » parmi les titres les plus accrocheurs, entraĂ®nent derrière eux un public enthousiaste pour certains, dubitatif pour d’autres, mais touchĂ©, quoi qu’il en soit. Voyage nocturne et onirique sous les frondaisons d’une forĂŞt primordiale, bande son idĂ©ale pour un pĂ©riple au cĹ“ur des bois de Ryhope, Jadallys prouve ce soir que Lavondyss est Ă la portĂ©e de qui sait Ă©couter. MĂŞme Ă la Loco. La setlist : Songe, Ce que je vois, Douce hystĂ©rie, Reflets, Break, Le silence, Le meneur de loups, Invitation, Tout ça. LE CONCERT DE LYCOSIA ![]() ![]() Nouvel album, nouvelle image et une prestation Ă la fois très attendue par les fans (manifestement nombreux ce soir) et très Ă -propos au sein d’un festival se voulant symptomatique d’une scène dark Ă©volutive et, pour le coup, française Monsieur. Quatre acteurs sur scène pour une pièce qui s’ouvre sur « Rise Up », premier titre (et l’un des meilleurs) du dernier album. Aaah comme ils sont ronds en savoureux Ă l’oreille ces R roulĂ©s comme un Peter Steele un brin taquin. Certes, Lyco, c’est pas Type O, mais Don Ragno cogne assez fort pour faire dire que Lycosia, c’est pas non plus que du rock pour minettes… Les titres s’enchaĂ®nent sans heurt, et soudain, comme qui dirait, c’est le drame : Shanka s’écorche le doigt et quelques gouttes de sang maculent sa guitare et le saz. Rien de bien grave, mais ça en aura certainement fait couler plus d’une. Et ce n’est pas de sang que je parle. L’éclairage aurait sans doute pu mettre Don Ragno un brin plus en valeur, mais dans l’ensemble, et en dĂ©pit du cruel manque d’un clavier live, la prestation aura Ă©tĂ© très Ă la hauteur de l’évĂ©nement, permettant en plus de réécouter, en sus des titres du dernier CD, cette perle de rock gothique qu’est Retaken… La setlist : Rise up, Glitters, Velveteen, Cold summer, Altai, Ice queen, Trade in ur hate, Travelling through our love , Retaken. LE CONCERT DE VIOLET STIGMATA ![]() ![]() Violet Stigmata… Pas mal de chemin parcouru depuis les premiers concerts. Le groupe s’est aguerri sur scène, et c’est un dĂ©ferlement electro-deathrock qui assaille le public, recevant avec un enthousiasme manifeste les titres enchaĂ®nĂ©s sans temps mort. Comme en plus Nico a un joli chapeau… La setlist : Intro, (I want to be) a little girl, Brown Jenkin, Leave, Abyss, Parasite, Coroner blues, Meaning of dogs, Sleeping people, Cut the flesh wires, Rats, PSM II. Rappel : Shrivelled fruit theory, Suicide cage. LE CONCERT D'EROS NECROPSIQUE ![]() ![]() ![]() ![]() TĂŞte d’affiche de l’Erèbe, Eros Necropsique effectuait son retour sur scène après une parenthèses de… d’un certain nombre d’annĂ©es… Kitchissime, la poĂ©sie acadĂ©mique et dĂ©clamĂ©e d’Olivier, regorgeant plus encore de verges que les balades en argot homosexuel de François Villon ravit manifestement un public composĂ© Ă parts Ă©gales de fidèles et de curieux. De fait, Olivier et ses musiciens sont très, très sympas hors scène, et suffisamment rares pour que l’absence ait fait d’Eros un groupe culte, plus encore que leur Ĺ“uvre, somme tout rĂ©duite (remember Corpus Delicti, une poignĂ©e de CD et hop, on en parle plus)… Passons, ce soir, c’est le grand soir, tout Ă la fois retour Ă la scène et chant du cygne en prĂ©lude Ă une nouvelle ère, SĂ©bastien, le bassiste ayant prĂ©vu de quitter le groupe après ce concert, concert qui s’émaillera de diverses anecdotes, comme la boĂ®te du haut, laissant suinter son atmosphère de club entre deux titres d’Eros, « Alphonse Brown » succĂ©dant au Deuil du Merveilleux et j’en passe et des pas meilleures… Le spectacle aux allures d’office alternatif, impie, iconoclaste et libertin (des litres de semence contenus dans les titres d’Eros, pas moins) aura en tout cas ravi son public. Le DĂ©part, scandĂ© par un Olivier sanglĂ© dans une camisole de force, puis Le Pardon, en prĂ©lude Ă un brin de mise en scène qui aura prouvĂ© pour certains qu’il y a bel et bien une vie artistique après « C’est mon choix » (highly private joke). Un cercueil, un corps inerte qu’on en extrait, il n’en fallait pas davantage pour donner vie sur scène au NĂ©crophile. Olivier dĂ©clame, caresse, lape et chevauche… Un grand moment. Le corps est Ă©vacuĂ© et les premières notes de la pluie d’or rĂ©sonnent : ritournelle mĂ©diĂ©vale Ă©voquant de loin une piste de Sopor Aeternus larmoyant sous le soleil de Saturne, soutenu par les vocalises soprani et basses de Jeanne et d’Olivier. Noir complet. Lorsque la lumière est de nouveau, le spectacle d’un homme nu, enchaĂ®nĂ©, s’offre au public et lui Ă Olivier. « Aujourd’hui deux mains » et les protagonistes s’effleurent, s’étreignent, sans qu’une once de gauloiserie ne vienne salir le spectacle pourtant cocasse. Pour « L’Appel de Dionysos » en revanche, qui n’est pas sans Ă©voquer une nouvelle de Dino Buzatti, dans laquelle une ville entière, aveuglĂ©e par et cachĂ©e au regard perçant de la culpabilitĂ© par un Ă©pais brouillard, se transforme en bacchanale. « Des tissus tumĂ©fiĂ©s embouchent les phallus » et le personnage entravĂ© erre dans le public, distribuant caresses et Ă©treintes Ă une assistance saisie et, supposons-le, ravie Ă dĂ©faut d’être surprise. A « Ce qui charrie le flot de Vie » succède « Le Deuil du merveilleux », qu’Olivier plein de « dĂ©goĂ»t du cerf » interprète avec – non un faon – mais un ours en peluche dans les bras. Dernier titre : « Communion ». Olivier une fois encore scande et dĂ©clame, tandis que deux comĂ©diens – un homme et une femme, nus bien Ă©videmment – peints en bleu et jaune, se frottent l’un l’autre, sans doute pour faire du vert. C’est frais, on ne s’en lasse pas. Les Eros (amusant Ă lire Ă haute voix) quittent la scène, puis s’en reviennent pour un premier rappel : « A l’Ami dĂ©cĂ©dĂ© », tout en dolorisme macabre et grandiloquent, puis « Ultime rĂ©vĂ©rence ». Ce qui rendit le moment vraiment drĂ´latique, ce fut le lancement d’un London After Midnight des familles, alors que les Eros (hahaha, on garde le rythme) se prĂ©paraient Ă un second rappel. Et Olivier de dĂ©bouler sur la scène, dĂ©penaillĂ©, surpris en plein changement de costume par les premières mesures du L.A.M., et d’expliquer, visiblement mal Ă l’aise, que le concert n’était pas fini. Autant dire que l’anecdote valait son pesant d’anxiolytiques. Dont acte : le revoilĂ en pyjama, Ă©chevelĂ©, plus tourmentĂ© que jamais (pour le coup il y avait de quoi), nous livrant un « Noyade » agonisant et sonore, se jetant au sol pour mieux s’y convulsionner entre deux hurlements insanes et convaincus. La setlist : Intro, Le dĂ©part, Pardon, Le nĂ©crophile, La pluie d'or, Aujourd'hui deux mains, L'Appel de Dionysos, Ce que charrie le flot de vie, Le deuil du merveilleux, Communion. Rappel 1 : A l'ami dĂ©cĂ©dĂ©, Ultime rĂ©vĂ©rence. Rappel 2 : Noyade. LES PERFORMANCES JEUX DE FER ![]() Dans les entrailles d’une Loco aux allures de Disneyland dark se dĂ©veloppait une toute autre atmosphère. Poulies, cordes, chairs, rouille, sueur, grincements et infrabasses, Rosa+Crvx prĂ©sentait un aspect encore plus fascinant, encore moins accessible de son Ĺ“uvre. Des machines, et des personnes, dont la moins bien lotie Ă©tait sans doute ElĂ©onore, juchĂ©e sur une enceinte et torturĂ©e par son plastron, son masque et ses capteurs pour une version electro-acoustique de la Danse de la Terre. Disparate, le public composĂ© Ă parts Ă©gales de toutes ce que la scène dark peut drainer d’esthètes, d’ado, de mĂ©talleux et de puristes de la musique froide et introspective, assista religieusement aux divers offices des Jeux de Fers, assis, debout, massĂ©s, captivĂ©s par des dĂ©monstrations d’agressivitĂ© aveugle et les boucles industrielles construites son Ă son par les machines. ![]() ![]() ![]() Les machines et les protagonistes avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es dans le bref report effectuĂ© lors des sĂ©ances d'entraĂ®nement. On les retrouvait toutes et tous - sauf l’octabasse, finalement impossible Ă rĂ©gler en si peu de temps et le broyeur – casĂ©s au centimètre près dans un espace littĂ©ralement rempli jusqu’au plafond des rouages, des armatures et du souffle oxydĂ© des machines. Parce que les crĂ©ations d’Olivier Tarabo transcendent les barrières de la biologie et de la mĂ©canique, Ă l’instar d’un peintre sculpteur suisse qu’on ne prĂ©sente plus, elles incarnent aussi avec une force qui n’a d’égale que la fraĂ®cheur de leur Pygmalion, cet art des correspondances si cher Ă un Baudelaire qu’il fait beau lire au Père Lachaise, les yeux barbouillĂ©s de noirs et les bras saucissonnĂ©s dans les rĂ©silles de maman… Mais après tout, c’est aussi parce que ce festival aura rĂ©ussi Ă accueillir tout le monde, sans Ă©litisme dĂ©placĂ©, qu’il aura Ă©tĂ© une rĂ©ussite. Renaud et Sarg LES VIDEOS (Clic droit et "Enregistrer la cible sous" conseillĂ© / Right clic and "Save target as" recommended) Ces extraits vidĂ©os sont Ă titre d'illustration et leur qualitĂ© sonore n'est pas reprĂ©sentative du groupe en concert / These small video excerpts are for promotional use only and the low-fi sound is not representative of the band quality in live !LES PERFORMANCES JEUX DE FER ![]() LE THEATRE DU SANG ![]() LE CONCERT DE JADALLYS ![]() LE CONCERT DE LYCOSIA ![]() LE CONCERT DE VIOLET STIGMATA ![]() LE CONCERT D'EROS NECROPSIQUE ![]() TschĂĽĂź ! RICHTER |