Netgothfr - Chroniques



N°: 110

BLOOD

12 Septembre 2004, La Boule Noire, Paris (75)


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(Photos et vidéos par Richter, chronique par Marion)


Un air de rentrée souffle sur Pigalle, funerarium de l’érotisme mais aussi lieu phare de quelques unes des salles de concerts les plus en vues de Paris. Devant la Boule Noire c’est toute une population offrant un dégradé de noir foncé à noir clair qui s’est amassée dès 17h pour assister à la seconde prestation en France de Blood. Les aficionados de la première heure, déjà présent au Glaz’Art, sont venus recevoir leur pain spirituel et l’on ressent une vague de tension émaner de la masse qui commence à s’agglutiner dangereusement devant les portes de la salle. L’heure tourne. Blood ayant pris le parti de se faire désirer, le concert ne débutera que vers 20h30 soit trois quarts d’heure après que les premiers arrivants ne se soient massés devant une scène qui, après Brigitte Fontaine, s’apprête à prouver ses capacités d’adaptation musicale.

Sur l’écran situé en fond défilent des films promotionnels dont le message n’est rien moins que clair « Achetez ! ». Après tout pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? Pendant que le public entame la scansion répétée du nom du groupe, les membres montent peu à peu sur scène. C’est d’abord Kaede, le bassiste du groupe, qui fait son entrée. Déguisée en meringue – ou serait-ce un avatar du look goth-lolita ?-, hideuse qui plus est, celui-ci se contente de saluer timidement la salle et s’empare de son instrument. Vient ensuite Kiwamu qui provoque les hurlements des fans. Leader et guitariste du groupe, il arbore le même costume que lors de son précédent concert en France, du cuir noir et rouge, un corset fatigué, des cuissardes, bref, un attirail qui ne déparerait pas la vitrine d’un des sex-shops voisins. Oui, l’influence de Jeanne Mas s’étend jusque dans le milieu visual contemporain. Les cris stridents des fans commenceraient presque à devenir désagréables lorsque Fû-ki, le chanteur, apparaît enfin, bras au ciel, tel un prophète d’un nouveau genre pour exciter des fidèles qui n’en ont pas besoin. Après le speech habituel sur le plaisir extrême que l’on peut avoir à se retrouver en France devant un public si merveilleux, le spectacle commence.


LE CONCERT DE BLOOD









Sans doute pleinement satisfait de leur dernière prestation sur le vieux continent, le groupe ressert la même recette. Pendant que Kaede s’échine comme un beau diable sur sa basse –il ne la quittera pas du concert-, Kiwamu s’occupe du fan service et Fû-ki nous prouve ses qualités de mime, qualités essentielles lorsqu’on assure autant de play-back. L’écran diffuse une série de films en rapport avec les morceaux enchaînés rondement. Les mots « Danger Dept. » s’inscrivent, nous autorisant à nous poser la question de la dangerosité d’un tel groupe. D’un point de vue musical, on peut suggérer que Blood ne va pas révolutionner le monde. A moins que la réadaptation des rythmes de Pierrot ou de Dir en Grey soit une méthode subversive qui permette d’obtenir de nouveaux sons ? En ne sortant pas une minute des sentiers battus du visual, Blood s’assure un succès confortable auprès d’un public toujours en demande d’une nouvelle idole mais restreigne aussi leur évolution en se soumettant à un désir qui n’est pas le leur. Pour preuve de leur étonnante capacité de mimétisme le groupe diffuse aussi des images de fleurs et d’insectes dans une veine « Microcosmos » qui laisse un vague sentiment de remplissage.

D’une friche industrielle à un paysage verdoyant en passant par des extraits de leurs clips, cet effet de scène permet de nourrir un spectacle que l’on peut considérer comme maigre. En effet, rapidement, Kiwamu délaisse sa guitare sur laquelle, jusque là, il s’est contenté de plaquer quelques accords de circonstance et va s’occuper du public. De ce point de vue, le groupe assure et le fan service fait partie intégrante du spectacle, si il ne s’y réduit pas. Le premier rang a donc l’honneur extraordinaire de caresser la chevelure sainte, ainsi que d’essuyer le corps ruisselant de sueur du leader qui effectue quelques allers-retours afin de ne léser personne. Du moins personne au premier rang. Accroché aux échafaudages qui domine la scène il offre ses cuissardes au contact d’un public qui semble alors remplir la fonction de paillasson. Sur Morphine, le groupe s’empresse même d’entamer une chorégraphie reprise avec entrain par tous et qui n’est pas sans nous rappeler le temps béni où nous préparions la kermesse de l’école maternelle. Blood est donc un bon prétexte pour régresser aussi bien physiquement qu’intellectuellement. La fête est au rendez-vous et pour peu que l’on vienne de bonne humeur, il y a toujours moyen de se distraire. A deux reprises, le concert s’interrompt pour permettre à Fû-ki de lancer des messages promotionnels sur leur prochaine venue, notamment en Pologne, ou encore sur le fait qu’ils vendent leur production en fin de concert. Habilement placées ces interventions permettent de rallonger une prestation qui ne dépassera pas les cinquante minutes, durée néanmoins suffisante pour épuiser ces êtres frêles que sont les artistes... si tant est qu’ils méritent cette dénomination.



Après un faux départ convenu, le groupe revient pour nous interpréter deux chansons. C’est dans un premier temps, le générique de Saint Seya. A moitié dévêtu pour le plus grand plaisir d’une masse pendue à ses lèvres, Fû-ki continue de nous servir exactement la même set-list qu’au Glaz’Art ce qui ne semble choquer personne. Passons sur le proverbe qui veut que ce soit dans les vieux pots que l’on fasse les meilleures soupes pour nous interroger sur la réelle signification de cette reprise. La lumière se fait enfin et ce dont on doutait durant tout le concert s’inscrit alors en lettres de feu au firmament de notre inconscient musical : Blood est un copy-band !!!

Les échos de Pierrot ou de Dir en Grey que nous crûmes entendre au loin n’étaient donc pas uniquement l’effet d’un écho musical mais celui d’une réalité. Voir Fû-ki enfin dans son élément lorsqu’il entonne le refrain du générique que nous connaissons tous dissipe bien des doutes. Une reprise de Morphine clôt le concert agrémentée de la chorégraphie rituelle pendant que Kiwamu, grand seigneur, arrose de bière les spectateurs, sans doute est-ce là l’indice qui permet de les rapprocher de la scène métal européenne comme il est dit sur leur site officiel. Si on suit ce système de pensée alors Les Musclès –paix à leur âme- étaient sans doute les premiers porte-parole du Ska en France.

Blood a rempli son contrat et les fans ont paru ravis de leur soirée, suffisamment du moins pour faire la queue afin d’acquérir leur dernier opus, signé par leur soin. L’organisation en elle-même témoigne d’une bonne gestion du public et aucun événement n’a été signalé autre que des relents de bières, conséquences du délire métal de Kiwamu. Premier concert en partenariat avec Nosphère, il a permis de vérifier l’existence d’un public visual en France prêt à se déplacer. Voyons ce qu’il en sera le 30 Octobre avec la venue de DéspairsRay, un groupe autrement plus stimulant.

Marion


LES VIDEOS
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Ces extraits vidéos sont à titre d'illustration et leur qualité sonore n'est pas représentative du groupe en concert / These small video excerpts are for promotional use only and the low-fi sound is not representative of the band quality in live !


LE CONCERT DE BLOOD




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