ELRICK^y^DRACO

date de naissance : 26-08-66
Remarques : La nuit promet d'être belle
Car voici qu'au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d'une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses

Valets volages et vulgaires,
Ouvrez mon sarcophage
Et vous pages pervers
Courrez au cimetière
Prévenez de ma part
Mes amis nécrophage
Que ce soir nous sommes attendus dans les marécages

Voici mon message
Cauchemars, fantômes et squelettes,
Laissez flotter vos idées noires
Près de la mare aux oubliettes,
Tenue du suaire obligatoire

Lutins, lucioles, feux-follets, elfes, faunes et farfadets
Effraient mes grands carnassiers
Une muse un peu dodue
Me dit d'un air entendu
Vous auriez pu vous raser
Comme je lui fais remarquer
Deux trois pendus attablés
Qui sont venus sans cravate
Elle me lance un oeil hagard
Et vomit sans crier gare
Quelques vipères écarlates

Vampires éblouis par de lubriques vestales
Egeries insatiables chevauchant des Walkyries
Infernal appétit de frénésie bachanale
Qui charment nos âmes envahies par la mélancolie
Satyres joufflus, boucs émissaires, gargouilles émues, fières gorgones
Laissez ma couronne aux sorcières et mes chimères à la licorne

Soudain les arbres frisonnent
Car Lucifer en personne
Fait une courte apparition,
L'air tellement acablé
Qu'on lui donnerait volontiers
Le bon Dieu sans confession
S'il ne laissait malicieux,
Courir le bout de sa queue
Devant ses yeux maléfiques
Et ne se dressait d'un bond
Dans un concert de jurons,
Disant d'un ton pathétique :
"Que les damnés obcènes, cyniques et corrompus
Fassent griefs de leur peine à ceux qu'ils ont élus
Car devant tant de problèmes et de malentendus
Les dieux et les diables en sont venus à douter d'eux-mêmes."

Dédain suprême...

Mais déjà le ciel blanchit,
Esprits je vous remercie
De m'avoir si bien reçu
Cocher lugubre et bossu déposez moi au manoir
Et lâchez le crucifix
Décrochez moi ces gousses d'ail
Qui déshonnorent mon portail
Et me chercher sans retard
L'ami qui soigne et guérit la folie qui m'accompagne
Et jamais ne me trahit : CHAMPAGNE !


Jacques Higelin
CHAMPAGNE


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